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CéNinieKiLaFé
11 mars 2010

La puissance du toucher

Ma formation en massage bien être m’incite à m’interroger sur un sujet passionnant : notre rapport au toucher, celui de l’être humain en général mais aussi mon propre rapport découlant de mes expériences personnelles.

_DSC8200_1Tout un chacun connaît le toucher au sens physiologique du terme : c’est l’un des 5 sens de la perception qui fournit des informations par contact de la peau. Le toucher permet alors de reconnaître les structures, le froid, le chaud, les variations de pression… Nous l’utilisons bien souvent de façon inconsciente : ainsi l’enfant en bas âge va-t-il apprendre du monde qui l’entoure en touchant les objets ou les personnes.

Et si nous en oublions bien souvent toutes les implications, nous le redécouvrons finalement à des moments forts de notre vie :

  • _DS10376

    Les relations amoureuses, lorsque l’on découvre le corps de l’autre mais aussi parfois le sien.

  • La maternité, lorsque l’on caresse son ventre pour entrer en contact avec bébé, lors du 1er peau à peau qui réconforte bébé à sa naissance…
  • La maladie, lorsque l’on doit réapprivoiser son corps ou son esprit.

Le toucher révèle alors à nos yeux sa grande complexité : plus qu’un simple sens tactile, il nous permet d’accéder à l’intériorité de l’être humain. _DS13231Au-delà de sa fonction de frontière corporelle, la peau devient alors « un miroir, une interface entre le dedans et le dehors, une sorte d’analyseur du monde extérieur et intérieur qui transmet à la fois le tactile et le ressenti».

Comme le dit si bien l’écrivain Christian Bobin :

« Les mains sur la peau touchent l’âme à vif ».

On comprend alors toute l’importance du toucher sur le psychique et ses répercutions tant positives (la caresse apaise et console) que négatives (l’usage abusif du toucher sur une personne non consentante, les coups meurtrissent non seulement le corps mais aussi l’esprit).
« Faites les gestes et les sentiments entreront dans le cœur. » Confucius.

D’un côté plus personnel, ma sensibilité m’a toujours amenée à accorder une grande importance au toucher. Il ne faisait pourtant pas plus que cela partie intégrante de mon éducation : les massages n’étaient pas de mise dans ma famille, pas beaucoup plus que les étreintes. _DS10333Ce n’est finalement qu’à l’âge adulte que j’ai vraiment pris conscience de l’importance du toucher dans mes relations aux autres : étreindre les amis ou les proches, caresser l’être aimé, témoigner de mon affection ou de mes sentiments bien au delà des mots.

Cette sensibilité n’est sans doute pas étrangère à ma démarche actuelle : faire du toucher mon activité professionnelle via le shiatsu ou le massage bien être. Et là encore la complexité du toucher n’est pas à négliger :

 

  • Comment sera perçu mon toucher car finalement ce qui est donné n’est pas forcément ce qui est reçu ?
  • Comment appréhender cette particularité qui veut que « je ne puis toucher sans être touchée, je ne puis saisir sans donner » ?

_DS14917

Un sujet passionnant et complexe que le toucher !

Et vous, quel est votre rapport au toucher ?

Un grand merci à la talentueuse photographe Nadine Court pour ses clichés qui illustrent parfaitement mes propos. Merci Nadine !

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Commentaires
B
La somesthésie c'est l'ensemble de ce qui tourne autour du toucher mais la privation de ce sens a priori pas de nom...(comme cécité, surdité, agueusie ou anosmie)...<br /> Dans la relation à l'autre, ça commence quand tu dois refuser de serrer la main...ou donner 50 recommandations et tendre la main en priant très fort parce la personne n'a pas forcément pigé (surtout que ça ne se voit pas) et peut te serrer trop fort ou juste te déclencher un flot de sensations désagréables.<br /> Par contre l'être humain et très adaptable et on ré-apprend à apprécier autrement le toucher (le fait de toucher) de l'autre, il faut beaucoup d'acceptation, de patience, et on apprend aussi à profiter par personne interposée. Selon la peau de l'autre (et mon état du jour et sa confiance), j'arrive parfois à masser et mon plaisir est alors celui de l'autre.<br /> Il faut aussi accepter ses limites et les imposer.<br /> Dans le cadre d'un suivi psy, j'ai été inscrite à un cours d'auto-massage, j'ai dit que je ne pensais pas pouvoir le faire, l'infirmière a insisté, je n'ai pas su dire fermement non...Quelle catastrophe !<br /> En tous cas, profitez bien de ce sens qu'on néglige, c'est a postériori qu'on se rend compte comme c'était agréable et important... ;)
C
Merci à toutes d'avoir partagé vos ressentis. Connaissant personnellement certaines d'entre vous, je sais à quel point c'est un sujet sensible, donc je vous en remercie d'autant plus.<br /> Blue, j'étais très émue à la lecture de ton témoignage. C'est vrai que l'on a tendance à croire que le handicap du toucher n'a aucune incidence sur notre vie (moi même avant de me plonger sur ce sujet passionnant, je n'en soupçonnais pas tous les implications), et pourtant c'est loin d'être le cas ! Car le toucher est un sens essentiel à l'être humain pour sa survie et son développement. Et je comprends à quel point ce handicap peut avoir de conséquences négatives !<br /> Concernant le mot global dont tu parles, est-ce qu'il ne s'agit pas de la somesthésie ?
B
Suite à ma sclérose en plaques, j'ai un sens du toucher totalement perturbé (hypoesthésie, hyperesthésie, paresthésie...), c'est très difficile à vivre, c'est un réel handicap au même titre qu'être sourd ou aveugle. J'ai beaucoup de mal à le faire admettre car les gens voient uniquement que c'est moins handicapant sur le plan pratique que quelqu'un qui est aveugle...c'est en mettant de côté tout ce qui concerne le rapport au monde (ce qui n'est pas soi), le rapport à l'autre et même le rapport à soi (je sens que je me touche en réception mais pas forcément en émission ou l'inverse).<br /> J'ai été des mois sans pouvoir caresser mes chats, en ayant de la douleur de tenir ma fille par la main...c'est moins continu mais quand je touche certaines matières, elles peuvent me donner la nausée.<br /> J'ai aussi dû me refaire totalement un autre référentiel dans les rapports intimes.<br /> J'ai de grosses périodes de repli sur moi, des moments de ras le bol terrible, et il faut toujours toujours gérer. Je me blesse, me brûle sans m'en rendre compte immédiatement.<br /> Je suis contente que ton article me donne l'occasion de dire tout ça avec l'occasion d'être entendue vu ce que tu dis. La négation du handicap étant le coup de grâce répété que je subis quasi quotidiennement...dès que je sors de chez moi.<br /> On comprend quelqu'un qui est aveugle, quelqu'un qui est sourd, pour quelqu'un qui n'a plus d'odorat ou de goût il y a un mot, je crois bien que pour quelqu'un qui a un défaut du toucher, il n'y a même pas de mot global.
S
Je ne me laisse toucher que par ma tribu : mari, enfants...au-delà, c'est extrêmement difficile. Comme tu le dis, c'est lié à l'histoire de chacun...<br /> Même faire la bise pour dire bonjour m'est difficile. <br /> Pourtant, on a besoin d'être touché(e), je le sais. Mais, ah mais....<br /> ça n'enlève rien à la beauté de ton post, textuellement et visuellement !
L
j'avoue que moi j'aime pas trop que l'on me touche , je reste loin des gens tactiles (heu à part mon homme). Amély étant préma j'ai fais beaucoup de peau à peau et j'ai refais ça avec max car j'ai adoré.<br /> Pour les massages c'est différent car pratiqué par des pro : j'en fait régulièrement en vacances ou chez osthéo mais il faut que ce soit une femme autrement je suis pas à l'aise.
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